Activités et représentants de détenus en prison - la Voix du Nord, le 20 juin 2014
Des «syndicats de détenus» ? Un article de la loi pénitentiaire fait polémique
Publié le 20/06/2014
Par PLANA RADENOVIC
Les consignes de l’administration pénitentiaire sont claires : selon une source interne, il s’agit d’appliquer l’article 29 de la loi pénitentiaire de 2009 « le plus rapidement possible, sur tous les établissements de l’interrégion ». À Sequedin, cette application imminente figurait à l’ordre du jour d’une réunion récente.
« Sous réserve du maintien du bon ordre et de la sécurité de l’établissement, les personnes détenues sont consultées par l’administration pénitentiaire sur les activités qui leur sont proposées », stipule le fameux article.
Cette simple phrase fait émerger le fantasme de « syndicats de détenus » chez les surveillants. « Nous, on l’interprète comme cela, lance Stéphane Lecerf, délégué UFAP-UNSA-Justice, l’une des organisations principales. Il y aurait peut-être des représentants de prisonniers, ils pourraient demander par exemple plus de séances de sport. » FO-Pénitentiaire gronde dans un tract : « Sous couvert de gentilles petites réunions pour savoir si telle ou telle année nos chers pensionnaires vont faire du Scrabble ou du tricot, la garde des Sceaux abat le mur qui nous sépare des comités de détenus et à moyen terme des syndicats de détenus ! »
Même si la loi circonscrit le champ d’expression des détenus à leurs seules activités, les surveillants le ressentent comme un pas dans le mauvais sens. « On a l’impression que la population pénale est plus écoutée que nous ! » Et, craint Stéphane Lecerf, « il y a des détenus qui seront assez intelligents pour l’utiliser ».
Aujourd’hui, les actions collectives des détenus sont de plus en plus fréquentes. On se souvient de la mutinerie des Sequedinois, lundi de Pâques dernier : ils voulaient pouvoir manger halal, sans être obligés de « cantiner ».
Des mutineries en hausse
Le rapport de la magistrate Cécile Brunet-Ludet, qui précède l’élaboration de la loi, indique qu’entre 2008 et 2010 les mouvements collectifs de prisonniers ont bondi de 36 %. Ce texte qualifie les détenus d’« usagers, titulaires de droits et de devoirs ».
Pour l’avocate Chérifa Benmouffok, la déperdition sécuritaire redoutée par les syndicats pénitentiaires n’aura pas lieu : « Il vaut mieux pour la sérénité de la maison d’arrêt que les détenus aient leur mot à dire sur leurs activités. Pour préparer leur réinsertion. Une parole apaisée dans un cadre prévu par la loi est préférable, par rapport à des réactions mal ressenties par le personnel pénitentiaire, comme le blocage de la promenade. »
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