Audience de la Cour d'Assises pour des faits de violences - Article presse le 18 octobre 2012 - Cour d'Assises de Saint-Omer
NORD LITTORAL

Me Benmouffok, du barreau de Lille, défend Jérémy I.
Jérémy I, 23 ans, comparait depuis hier après-midi devant la cour d'assises du Pas-de-Calais pour des violences ayant entraîné une infirmité permanente avec ces circonstances que les faits ont été commis avec l'usage d'une arme.
Ces faits remontent au 14 novembre 2008. L'accusé a alors 19 ans. Après avoir bu une bouteille de vodka avec sa compagne, le jeune homme se dirige vers Calais nord pour y rejoindre des amis. Devant « Les coulisses », un café de la place d'Armes, Jérémy I. aperçoit un individu en train de discuter avec son ancienne petite amie. Son sang ne fait qu'un tour et, alors qu'il se trouve à deux mètres de sa victime, il lui lance un verre en pleine tête. Sous la violence du geste, le verre éclate en morceaux. L'un d'eux vient se loger dans l'oeil du jeune Calaisien âgé de 17 ans.
Pris en charge par les pompiers, il est transporté au centre hospitalier de Calais avant d'être transféré à l'hôpital de Dunkerque. Malgré une opération, le jeune homme perd l'usage de son oeil droit.
15 ans de réclusion criminelle encourus
Lors de sa première audition, Jérémy I. nie toute implication dans la rixe, assurant même se trouver chez sa tante ce soir-là. Il reviendra toutefois sur ses premières déclarations quelques heures plus tard. Après un échange d'insultes, il aurait demandé à la victime de se battre. C'est alors qu'il aurait eu « le mauvais réflexe » de lancer son verre dans sa direction. Il affirme cependant ne pas avoir volontairement visé le visage de la victime. Pour ces faits, Jérémy I. encourt 15 ans de réclusion criminelle.
Le casier judiciaire de l'accusé fait état de 12 mentions. Sept de ces condamnations ont été prononcées après les faits pour lesquels il est jugé depuis hier, ce qui n'a pas manqué de faire réagir la cour. « En novembre 2008, le juge d'instruction avait passé un contrat de confiance avec vous en privilégiant le placement sous contrôle judiciaire à la détention provisoire, note la présidente Gallen. La première obligation, quand on est sous contrôle judiciaire, c'est de ne pas commettre de nouvelles infractions pénales. » Or, depuis les faits, I. enchaîne les passages devant les tribunaux. Il a été condamné à deux reprises pour des faits de violences, notamment avec usage ou menace d'une arme ; il a écopé de trois condamnations pour des infractions à la législation sur les stupéfiants, d'une autre pour recel de bien provenant d'un vol et d'une dernière pour destruction du bien d'autrui. Pour ces faits, l'accusé est détenu depuis le mois de janvier 2011. « A l'époque, j'étais inconscient, explique-t-il dans son box. Je ne pensais pas aux conséquences de mes actes. » Malgré ces écarts de conduite, Jérémy I. a longtemps évité la case prison : « Vous avez de la chance, votre contrôle judiciaire aurait pu être révoqué depuis longtemps », assure la présidente.
L'audience d'hier après-midi a essentiellement été consacrée à la personnalité de l'accusé. Son avocate, Me Benmouffok, en a profité pour trouver des circonstances atténuantes à son client.
Force est de constater que le parcours de Jérémy I. n'est pas un long fleuve tranquille. Avec un père souvent absent et une mère qualifiée par les experts d'hystérique, d'héroïnomane et d'alcoolique, le Calaisien a rapidement dû prendre ses responsabilités. « Ce jeune homme n'a jamais eu de repères. Il a été élevé dans l'absence totale de valeurs et de moralité. Il a grandi dans l'errance, la délinquance et la marginalisation, un jeune homme qui a du mal à distinguer le bien du mal », explique un éducateur. Et de poursuivre : « Frustré de ne pas avoir une vie normale, c'est aujourd'hui un être meurtri, un jeune homme prisonnier de son passé ; bref, un pauvre gosse qui fait le caïd quand il est en groupe mais qui a une peur bleue de la détention. » Quatre ans après les faits, Jérémy I. affirme avoir changé. Après la mort de sa mère en 2009 et la naissance de son fils l'année suivante, « j'ai réfléchi et décidé d'avancer », assure-t-il. Des propos corroborés par un policier qui a suivi la famille I. pendant une dizaine d'années : « J'ai vraiment l'impression qu'il veut bien faire, qu'il essaie de s'en sortir. Et, contrairement à bon nombre de délinquants qui adoptent cette position comme une stratégie de défense, je le crois sincère. Je déplore juste qu'il faille un tel drame pour en arriver là.»
La cour abordera les faits aujourd'hui. Le verdict est, lui, attendu demain.
T.S-M.
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